EA : Tu as participé à l’événement Petzl «J’irai grimper chez vous. » qui s’est installé en Alsace il y a quelques mois. Qu’as-tu pensé de notre région et de notre rocher ?
Nina : J'ai tout simplement kiffé ! Les gens, l'architecture, le paysage et les falaises ont eu quelque chose de magique, de différent et de très beau. J'en garde un très très bon souvenir.
EA : Une voie, un site t'ont-t-ils marquée en particulier ?
Nina : Le site du Windstein m'a beaucoup marqué. J'ai trouvé ça sacré de pouvoir grimper sur ce château en grès et c'était wild !
EA : Tu as pu enchainer Les associés directe, 7c+ au Windstein, ouverte en 1986 par Stefan Glowacz : comment as tu trouvé la voie ? (ndlr : chez nous, c'est une classique !)
Nina : Formidable dans un cadre complètement atypique !
EA : Tu suis un entrainement particulier ou tu ne fais que grimper ?
Que conseillerais-tu aux gens qui ne peuvent grimper que le week-end, pour continuer à progresser ? (Dieu sait que nous sommes nombreux dans ce cas…snif !)
Nina : Tout mon entrainement est basé sur l’escalade. Je fais pas mal de bloc en salle ce qui me permet de progresser en force et en puissance. A part ça j’aime me balader ou courir en montagne ce qui entretient une bonne forme générale.
J’ai un mode de vie assez sain. Je dors beaucoup et je ne mange que ce que la nature peut m’offrir. J'aime le bon vin, c’est la seule chose qui me pose problème parfois… ;-)
EA : Tu as des projets dans l’immédiat ? Quels sont-ils ?
Nina : Oui, je vais retourner à Smith Rocks en mars. J’ai dû abandonner un beau projet pendant mon trip précédant à cause d’une météo assez capricieuse.
C’est la voie « To Bolt or Not to Be », le premier 8b+ américain. Et ensuite je vais attaquer le chapitre Yosemite, enfin !
Nina dans l'arrête de Spank the Monkey, 8b à Smith Rocks, USA [Photos : Jason Bagby]
EA : On essaye évidemment de ne pas penser en termes de niveau dans notre activité mais pourtant,
quand on lit les cotations incroyables de tes dernières ascensions, il nous vient une question évidente : à quand le 9a pour toi? Tu as déjà essayé ?
Nina : Oui j’ai essayé un 9a à Siurana pendant deux hivers. La voie s’appelle La Reina mora. Mais j’ai perdu un peu la motivation parce que ça me demande trop d’entrainement et puis je suis passée un peu à autre chose pour être honnête.
Je suis beaucoup plus attirée par la montagne aujourd’hui et je ne ressens aucun besoin de faire une croix dans le 9ème degré. Mais ça c’est ma motivation personnelle qui change relativement souvent…
EA : Je ne te cache pas que je serais très heureux de voir un jour des news de croix féminines dans le 8b voire plus, sur notre site alsacien préféré.
Que conseillerais-tu aux filles (et aux mecs d’ailleurs !) de notre région pour se dépasser ?
Te souviens tu d’un déclic particulier dans ta vie de grimpeuse ?
Nina : C’est une très bonne question ça. Moi j’ai eu un déclic quand j’ai quitté la Suisse pour venir vivre en France.
À ce moment là j’ai réellement commencé à prendre ma vie en main et j’ai réussi à me détacher du regard et du jugement des autres.
Ensuite j’ai pu mettre ça en place dans l’escalade. J’ai arrêté de faire comme les autres, de les regarder et de me comparer à eux.
Je me suis laissée guider par ma propre intuition, et par les occasions qui se sont présentées.
La base pour réussir à se dépasser c’est grimper dans une voix qu’on aime et qu’on a choisie. Plus on aime grimper dedans et plus on aime tout
ce qui va autour (le lieu, les copains, l’ambiance à la falaise) plus on a de chances de réussir. Parce qu’à la fin tu souhaites que ces bons moments que tu passes
dans la voie et à ses pieds, durent le plus longtemps possible parce que c’est tellement bien ! Et paf, tu fais la croix parce que ton cœur et ton âme ont été en harmonie.
EA : Faisons fi des cotations, des discordes éthiques et des vidéos standardisées… Comment nous présenterais-tu, avec tes yeux et ton coeur de passionnée, notre activité : l’escalade ?
Nina : On a tout simplement de la chance de pouvoir grimper. C’est un sport complexe, il faut quand même avoir les moyens et les différentes infrastructures.
Personnellement j’ai une vague de joie qui me prend à chaque fois que je touche une prise. Je vis l’escalade d’une manière très intense et elle m’aide à mener une vie simple, seine et à fond dans le partage.
EA : Aura-t-on le plaisir de te recroiser en Alsace d'ici quelques temps ?
Nina : Je ne pense pas y retourner dans l’immédiat mais avec moi tout est ouvert !:-) En tout cas j’en garde un très très bon souvenir et encore une fois, je me sens chanceuse d’avoir eu cette occasion de découvrir ce beau coin de la France.
Merci Nina, on te souhaite la plus franche réussite dans ta passion et d'ores et déjà "bravo" pour ce que tu y as réalisé.